Bonjour à tous,
Je suis utilisateur Blablacar de longue date, j'ai donc pu voir les évolutions de celui-ci en une décennie : du paiement main à main aux commissions sur le trajets en augmentation régulière. Aujourd'hui, je me sens trompé par Blablacar, d'abord parce que l'objectif premier de la plateforme sur lequel elle s'est construit une base était l'écologie. Il n'y a plus a tergiverser, ce n'est plus la préoccupation première de Blablacar, le but principal difficile à contredire est la préoccupation de rentabilité de la licorne. Les plus anciens, rappelez-vous l'époque pas si lointaine ou Blablacar vantait les mérites du covoiturage pour l'écologie, il fallait le faire POUR l'écologie ! (et j'y ai cru) Maintenant, il faut le faire parce que c'est Blablacar.... Cela suit la stratégie peu reluisante de la fourberie commerciale, somme toute, banale dans notre société de consommation, mais qui signe l'absence d'éthique particulière de la plateforme. Ce n'est donc qu'une banale entreprise privée qui use du stratagème de l'écologie pour gagner du terrain. Le problème là-dedans, c'est que contrairement aux apparences flatteuses, Blablacar contribue à dévaluer l'importance capitale des enjeux écologiques actuels. L'écologie n'est pour ses dirigeants qu'un simple argument marketing, comme la tranquillité pour une compagnie d'assurance... On se fout de savoir avec quoi tu roules, ni qui tu es, tant que tu apportes tes trajets à la plateforme et qu'on vive. Annoncer le nombre de Kg de CO2 économisé c'est bien, mais quid du nombre d'utilisateurs supplémentaires incités à prendre leur voiture 'grâce à' (ou plutôt à cause de) Blablacar au lieu de prendre les transports en commun ? Les trains se vides tandis que les voitures se remplissent... A quand une étude sérieuse de l'effet pervers de cette économie collaborative ? Ce n'est là qu'un premier reproche.
Le deuxième, c'est l'abus de la plateforme sur les commissions.
Cet abus est rendu possible compte tenu de sa situation monopolistique. Qui entre les passagers et les conducteurs est averti lorsque les commissions sont revues à la hausse ? En fait, ni l'un ni l'autre ! C'est, paraît-il, transparent pour les conducteurs et puis les passagers choisissent leur conducteur et le prix du trajet qui leur conviennent, donc tout le monde est content... Surtout Blablacar et ses 20% de commission ! Comment Blablacar a-t-il réussi ce tour de passe-passe ? En s’immisçant en permanence entre le conducteur et le passager, en faisant écran entre eux, donc en d'autres termes, en usant du "diviser pour mieux régner".
Avez-vous déjà remarqué que Blablacar joue toujours sur deux tableaux ? Il entretient un double discours ; ce que j'appellerais volontiers le principe de la "communauté volontairement divisée" :
> D'abord le côté friendly et cool en maniant la sémantique de la communauté et de ses membres, comme s'il s'agissait d'une association, d'un commerce équitable. Comme s'il était réellement question de solidarité ou d'éthique, alors que le covoiturage version Blablacar ne répond ni plus ni moins qu'à une logique de marché d'offres et de demandes régit par le prix des places et la couverture du territoire. En effet, tout le monde se fout de savoir qui roule en Crit'Air 1,2,3 ou 5 ! Et s'il y a un côté friendly au covoiturage, Blablacar n'y est absolument pour rien, car cela ne repose que sur les utilisateurs, leur éducation et leur bonne volonté : en d'autres termes Blablacar n'a aucune prise ni influence sur le bon déroulement du trajet et les bons commentaires n'empêchent évidemment pas les mauvaises surprises.
> Ensuite, paradoxalement, à la promotion du groupe auquel il faudrait s'identifier pour appartenir à l'air du temps, Blablacar joue parallèlement sur la méfiance des uns vis à vis des autres pour pouvoir se positionner comme le maillon indispensable pour assurer le bon fonctionnement de l'ensemble : rassurer les conducteurs et les passagers en conditionnant les échanges exclusivement via la plateforme et en sécurisant les paiements. Le but : que vous n'ayez pas la possibilité d'interagir autrement avec la 'communauté'. Ce faisant Blablacar se comporte comme un parasite qui se voudrait commensal.
Ce double discours ressemble à celui de l'agent immobilier qui a besoin à la fois des vendeurs pour avoir des biens en catalogue, mais aussi des acheteurs pour obtenir une commission sur les ventes. Il fait pression sur les deux pour dégager rapidement sa marge, alors que les deux pourraient en toute état de cause se passer de ses services trop chers. Ce parallèle est d'autant plus vrai que le montant de la commission ne dépend pas de la satisfaction des utilisateurs ou des profils, c'est fixe comme la grille tarifaire de l'agent immobilier.
Ce deuxième point noir amène les conducteurs en position de faiblesse - alors qu'ils font pourtant plus que 80% du boulot dans le processus de covoiturage (l'accueil des passager, la conduite, l'entretien du véhicule, l'assurance, le péage, le carburant, les détours, l'animateur pour mettre tout le monde à l'aise et l'arbitre si besoin...) ; la plateforme ne servant qu'à mettre en relation. Or les utilisateurs paient très cher cette contribution de Blablacar et sont finalement comme chez Uber, rendus à la situation de salarié informel dans un business model désormais commun à toutes les plateformes : utiliser une main-d'oeuvre en apparence non professionnelle. Sauf que la somme des ces petites mains constituent la seule source de main-d'oeuvre directe sur l'activité de covoiturage). La part de la commission de 20% est pratiquement la part du bénéfice net dégagé par l'activité de covoiturage. 20%, c'est énorme juste pour avoir mis en relation des personnes, sachant que ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui font vivre la plateforme (déposer l'annonce, la mettre à jour, rechercher, contacter). Blablacar, n'est qu'une interface (rappelons-le une couche virtuelle) : le vrai travail est fait par ses utilisateurs pratiquement de bout en bout de la chaîne, ce qui ne justifie pas le prélèvement de 20% sur les trajets. Et encore, cette rente de 20%, ce n'est que la part en 2019-2020 !
Jusqu'où Blablacar peut-il aller dans ses décisions d'appliquer unilatéralement telle ou telle pourcentage de commission ? Où est le contre-poids ? Le marché et sa concurrence "parfaite" ? A l'évidence, non.
Sachant que la très large majorité de ceux que j'emmène sont des étudiants et des jeunes actifs qui cherchent à joindre les deux bouts, j'ai du ressentiment envers Blablacar qui prétend traiter ses utilisateurs comme une "communauté" mais qui les traite dans les faits comme un troupeau de vaches à lait. Cette plateforme contribue à faire grimper les prix, mais bon vous comprendrez que c'est le "marché" (c'est pas moi, c'est l'autre / Merci M.Smith pour cette déresponsabilisation facile encore en vigueur à l'heure où l'on s'aperçoit que ce mode de pensée est tout sauf social et solidaire)... L'éthique écolo et solidaire, la communauté, tout ça tout ça, j'y ai cru et comme un âne j'ai oublié que les licornes ça n'existe pas en fait.
Dernier point plus technique : le service rendu.
Blablacar se rétribue sur une mise en relation. Très bien. Or quand je poste deux places pour un trajet sur le site et qu'une seule personne réserve les deux, pourquoi faire payer deux fois la commission (de 20%) sur le prix de la place ? En effet, dans ce cas il n'y a aucun service rendu pour la seconde personne et cette seconde personne n'entre même pas en contact avec Blablacar ni avec moi. C'est un abus, car Blablacar perçoit des droits sur chacune de mes places, comme si ma voiture leur appartenait. NON ! Le service rendu de Blablacar dans ce cas s'arrête à la mise en relation entre un passager ou un groupe de passagers et un conducteur. Rien ne justifie un calcul par place, excepté si Blablacar finançait l'ensemble des frais de mon véhicule (en effet, soit il se 'mouille' et paie, soit il cloisonne au maximum les responsabilités de chacun et par conséquent limite aussi sa commission au service rendu).
A maintes reprises j'ai signalé ces abus sur leur site. Leur réponse sidérante étant que je n'ai qu'à augmenter le prix de mes trajets, alors que ma préoccupation, c'est la justesse du prix pour tous les utilisateurs... Les utilisateurs français n'ont pas à supporter les montants injustifiés de commissions. Maintenant je suis favorable à une action de groupe, y a t-il une association déjà établie à cette fin ? Sinon y a t-il des "membres" prêt à contribuer à cette action de groupe ?