Messagepar justedroit » 06 oct. 2025, 08:58
Bonjour Absolu_construction,
Vous avez signé un bon de commande sans avoir, préalablement, pris connaissance des CGV du vendeur (l'entreprise) lesquelles conditions vous ont enfermées dans un processus d'obligation de poursuivre l'exécution du contrat puisque, malin, l'une d'elles précise que : «..... les marchandises n'étant pas réalisées sur mesure », ce qui vous empêche de soulever l'absence des métrés de la pièce d'accueil de vos éléments de cuisine qui est un des deux motifs sérieux pour réclamer au vendeur l'annulation de votre commande, le second étant le crédit, mais là encore, impossible, puisque le solde l'est par un paiement au comptant.
Donc, il faut rechercher toutes les failles vous permettant de les combattre.
Et, selon moi, les voici :
Premièrement : Cette façon de faire du vendeur (le commercial) caractérise une démarche commerciale agressive, au sens des alinéas 1°,2° et 3° de l'article L121-6 :
"Une pratique commerciale est agressive lorsque du fait de sollicitations répétées et insistantes ou de l'usage d'une contrainte physique ou morale, et compte tenu des circonstances qui l'entourent :
-Elle altère ou est de nature à altérer de manière significative la liberté de choix d'un consommateur ;
-Elle vicie ou est de nature à vicier le consentement d'un consommateur ;
-Elle entrave l'exercice des droits contractuels d'un consommateur".
Et de l'alinéa 7 de l'article L121-7 du même Code :
"Sont réputées agressives au sens de l'article L. 121-6 les pratiques commerciales qui ont pour objet :
« -De donner l'impression que le consommateur a déjà gagné, gagnera ou gagnera en accomplissant tel acte un prix ou un autre avantage équivalent, alors que, en fait :
soit il n'existe pas de prix ou autre avantage équivalent ;
- soit l'accomplissement d'une action en rapport avec la demande du prix ou autre avantage équivalent est subordonné à l'obligation pour le consommateur de verser de l'argent ou de supporter un coût ».
Deuxièmement : Ces équipements de cuisine ne peuvent pas être d'usine, c'est-à-dire réalisés avec des mesures communes qui empêcheraient la réalisation des métrés puisque, d'une part, le propre d'un cuisiniste est la conception de l'aménagement de la cuisione selon les besoins du client, et d'autre part, que les dimensions de la pièce destinée à la cuisine ne sont en rien communes à tous mais selon le désir de son concepteur à savoir le consommateur client.
Dés lors, cette clause au contrat qui porte un déséquilibre significatif du consommateur est abusive au sens du premier alinéa de l'article L212-1 du Code de la consommation :
« Dans les contrats conclus entre professionnels et consommateurs, sont abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat ».
Donc, réputée non écrite, nulle et non avenue.
Par ailleurs et au besoin, l'absence de métrés empêche toute validation dans le processus de conception d'une cuisine et le vendeur a manqué à son devoir de conseil et d'information qui n'a pas été rattrapé par un plan technique annexé au bon de commande illisible, pixelisé, qui rend impossible la vérification, la véracité de lignes de poste du bon de commande, bafouant ainsi allègrement le premier alinéa de l'article L111-1 du Code de la consommation :
« Avant que le consommateur ne soit lié par un contrat à titre onéreux, le professionnel communique au consommateur, de manière lisible et compréhensible, les informations .. »
De plus, la Cour d’appel de Colmar, arrêt du 18 juillet 2022 a confirmé que le cuisiniste est responsable de la faisabilité du projet.
Ainsi, le contrat ne peut être valide d'un contenu qui n'est ni licite ni certain.
Troisièmement : Les CGV doivent être intégrées au bon de commande pour que le consommateur puisse en prendre connaissance avant de le signer et, non en annexées au bon de commande remis après coup d'autant que, dans une magasin il n'existe pas de délai de rétractation.
Quatrièmement : Une clause du bon de commande stipule que le solde de la commande doit être versé avant sa livraison,
ALORS QUE selon la Réponse du Ministère de l'économie et des finances
publiée dans le JO Sénat du 17/01/2013 - page 160, il indique que la Commission des clauses abusives a considéré dans sa recommandation n° 82-03 concernant les contrats d'installation de cuisine (BOCC du 22 déc. 1982) comme abusive la clause qui prévoit un échelonnement des paiements excédant la valeur des prestations successivement exécutées.
Par ailleurs, le TGI de Grenoble a jugé, le 29 janv. 2001, que la clause qui oblige le consommateur à payer l'intégralité du prix avant le début de la pose est abusive car elle prive le consommateur du droit d'opposer à la société l'exception d'inexécution alors même que le client n'a pas été en mesure de vérifier si les éléments livrés présentaient des défauts ou une non-conformité ou s'ils étaient adaptés à sa cuisine. La suppression de la clause a été ordonnée.
Voilà donc des éléments qui vous permettent de prétendre à la résolution de votre bon de commande et au remboursement du montant de votre acompte.
Cette demande doit s'effectuer par LRAR gardant copie et au besoin, faites vous aider par une association locale de défense des consommateurs.