Nous sommes fin juin 2019. Cela fait donc maintenant trois ans que j'ai posté ce message et je vais y apporter quelques correctifs pour être plus précis. J'ajoute que, comme j'avais laissé ici mes coordonnées (mail et téléphone), vous avez été des centaines à me contacter et j'ai vu passer des choses hallucinantes dans les études de mes concurrents que certains m'ont fait passer. Comme il y a beaucoup d'informations à "digérer" pour celui (ou celle) qui voudrait tout lire, et que je constate que, depuis quelques temps, je reçois des mails de personnes qui n'ont manifestement pas compris le sens de ce que j'ai longuement expliqué (mes messages étaient-ils trop "techniques" ou ont-elles juste eu "la flemme" de tout lire ?), je vais poster un message qui résume l'ensemble en dernière page. Pour l'instant, voici le message initial de 2016, message auquel j'ai apporté des commentaires de 2019 que vous verrez en rouge. Bonne lecture.
Bonjour,
Je ne vais pas vous répondre comme vous le souhaiteriez pour deux raisons :
- Je ne suis pas ici pour faire de la pub et vendre mes produits, je ne vous donnerai donc pas le détail de mes solutions.
- Je n’ai pas de réponse standard, cela dépend de la situation de mes clients, de leurs objectifs, de leurs moyens, de leurs limites, de leur fiscalité aussi, mais pas seulement. Et je n’ai pas, contrairement aux « vendeurs de défiscalisation », de réponse unique : cela peut effectivement être de l’immobilier, neuf, ancien, meublé, SCPI mais aussi des produits financiers.
Mais, comme j’ai depuis longtemps (24 ans de métier) la confiance de mes clients, que je ne veux pas la perdre et que c’est moi qui assume l’après-vente, je ne veux pas vendre du Pinel.
Cela va être long à lire, mais je vais vous recopier fidèlement (copié-collé) ici deux études que j’ai réalisées en 2015 pour des gens à qui un concurrent proposait d’investir en loi Pinel, la première est en région parisienne (zone A) et la seconde se situe à Toulouse (zone B1). Il y a beaucoup plus de choses dans mes études (j’y compare plusieurs solutions) mais je ne vais garder ici que ce qui concerne la loi Pinel :
ETUDE N° 1 :
« Pour l’investissement dans le neuf en loi Pinel à Le Mée-sur-Seine (zone A pour le plafond de loyer) dont je ne connais que le prix (226 351 €), j’ai supposé des conditions idéales, c’est-à-dire que le prix inclue les frais de notaire et qu’il ne faut pas retirer le prix du parking pour calculer le prix du logement seul au m².
Les données :
Le logement coûte 218 000 € auxquels il faut ajouter environ 8 350 € de frais de notaire. Le loyer mensuel est de 777 € (plafond), les charges sont de 36 € par mois (7 € le m², le minimum pour du neuf) et la taxe foncière est de 933 € (1,2 fois le loyer seulement).
La loi Pinel avec revente :
Le problème créé par l’investissement en loi Pinel est que, une fois que la réduction d’impôt disparait, il faut revendre car ce n’est plus rentable : le coût mensuel de cet investissement se situe environ à 400 € par mois pendant 9 ans, puis passe à 600 € les années 10, 11 et 12 et à plus de 800 € les années suivantes.
Au terme de la période de réduction d’impôt (12 ans) :
• Vous avez un capital à rembourser à la banque de 104 816 € (capital restant dû)
• L’effort de trésorerie que vous aurez consenti (à condition que tout se passe bien et que le logement soit loué tous les mois) serait de 64 487 €, soit 448 € par mois.
Pour faire une
opération neutre (sans gain ni perte), ce qui n’est pas le but, il faudrait revendre à 169 303 € soit 104 816 € pour rembourser la banque et 64 487 € pour vous rembourser vous-même. Pour un logement de 62 m², cela correspond à un prix de 2 730 € le m².
Pour obtenir un
rendement équivalent à 3 % par an, donc très faible par rapport au risque (obligation de revente pour un achat de plus de 200 000 €), il faudrait revendre à 186 309 € (104 816 pour rembourser la banque, 64 487 pour vous rembourser vous-même et 17 006 de gain), soit 3 005 € le m².
La revente se fera aux prix de l’ancien :
• Votre acheteur achètera un logement qui a 12 ans
• Sans bénéficier d’une réduction d’impôt
• Il se référera donc aux prix dans l’ancien
Actuellement, les prix des appartements sur la commune de Le Mée-sur-Seine se situent entre 1 762 € le m² et 3 253 € le m², avec une moyenne à 2 507 €. Mais la plupart des transactions se font à 2 340 € le m² (voir ici : http://www.lacoteimmo.com/prix-de-l-immo/vente/ile-de-france/seine-et-marne/le-mee-sur-seine/770285.htm ).
Note : J'ai affiné mes sources depuis que j'ai posté ce message et je ne me fie plus maintenant qu'aux transactions réellement enregistrées par les notaires (c'est la seule source fiable, les autres étant des sites internet commerciaux déguisés en sites "sérieux"). Et si je me fie à cette source, je vais vous faire peur car le prix moyen des transactions enregistrées par le notaires à Le Mée sur Seine est de ... 1 500 € par m² !!! Je vous laisse imaginer la perte à la revente).
Je vous rappelle que la loi Pinel, c’est du locatif social et qu’il est peu probable que vous revendiez un logement considéré comme du haut de gamme, mais plutôt comme la moyenne, si le logement et les parties communes ne sont pas dégradés.
Dans ces conditions :
Une revente
sans gain ni perte (2 730 € le m²) signifierait que les prix des logements dans l’ancien (actuellement 2 340 € le m²) auraient augmenté d’environ 17 % en 12 ans, ce qui est possible mais pas garanti car il faut rappeler que la France est l’un des seuls pays au monde (voir Espagne, USA, Chine…) où les prix de l’immobilier n’ont pas subi une baisse qui serait pourtant logique (depuis 2000 : augmentation des prix de plus de 100 % sur Paris, 75 % sur la France alors que les salaires n’ont augmenté que de 10 %).
Pour espérer gagner l’équivalent de
3 % par an, il faudrait revendre à 3 005 € le m², soit une augmentation des prix de 28 % en 12 ans (2,08 % par an). Certains peuvent y croire, moi pas. Et pour gagner 3 %, je ne ferais certainement pas faire un tel pari et prendre un tel risque à mes clients, autant ouvrir une assurance vie.
Actualisation de l'analyse : Si je suppose que le quartier du logement vendu en Pinel ne s'est pas dégradé (et ce n'est vraiment pas garanti quand on voit la nature de ce qui se construit, souvent dans des ZAC où la loi impose une part importante de logements sociaux), donc si le logement et le quartier ont bien vieilli, je vais me baser sur un prix de référence à 2 000 € le m² (rappelez-vous que la moyenne des transactions notaires est à 1 500 €) en supposant un certain "standing", même si j'ai du mal à y croire, mais soyons optimistes. Donc si le prix actuel d'un logement ancien en parfait état est de 2 000 € le m², pour revendre ce logement Pinel à 2 730 €, il faudrait que les prix aient grimpé de 36 %. Et encore, si vous croyez à cette hypothèse, vous n'auriez pourtant rien gagné. Pour espérer un rendement de l'opération de 3 % par an, il faudrait une revente à 3 005 €/m², soit une hausse des prix de 50 %... bon courage ! Et franchement, pour 3 % de rendement annuel, j'ai d'autres solutions moins risquées à proposer à mes clients. Maintenant si vous intégrez le fait que tous les investisseurs ont écouté le même discours commercial et voudront donc tous revendre en même, je vous laisse imaginer la pression à la baisse sur les prix. Ajoutez à cela une hypothèse de remontée des taux de crédit (si vous arriver à prédire les taux sur 10 ans, moi je n'y arrive pas, mais vu l'état actuel, ils ont plus de chances de remonter que de baisser) et un quartier qui a viré au social... Je vous laisse faire la conclusion vous-même !
Si l’on vous a remis une étude, il est probable qu’elle suppose une revente à un prix supérieur au prix d’achat (218 000 € soit 3 500 € le m²), ce qui serait ridicule. Au mieux, le « conseiller » a peut-être supposé une revente au prix d’achat, ce qui signifierait que les prix ont augmenté de 49,44 % en 12 ans, soit 3,40 % par an. Je crois inutile de commenter une telle hypothèse. »
ETUDE N° 2 :
« Si vous allez au terme du crédit (20 ans, ce qui me semble incohérent car vous serez alors en retraite, avec une baisse de vos revenus), cet investissement vous aura coûté 208 024 € (et encore, si tout se passe bien et que le logement est loué tous les mois pendant 20 ans, condition difficile à remplir), soit une moyenne de 867 € par mois pour un loyer net de 386 € (net de frais, charges, assurances, taxe foncière et fiscalité), ce qui n’est pas très performant sur une telle durée. Il existe des outils nettement plus efficaces pour se constituer un complément de revenu.
Il faut donc revendre la dixième année car le coût passe de 628 € à 868 € puis à 1 125 € la treizième année, quand la réduction d’impôt disparait. Que se passe-t-il alors ? :
Vous avez un capital à rembourser à la banque, hors pénalité d’anticipation, de 166 603 € pour un investissement qui vous a coûté, en théorie, 65 397 € (606 € par mois).
Donc pour faire une
opération neutre (sans gain ni perte), il faudrait revendre à 232 000 € (166 603 pour rembourser la banque et 65 397 pour vous rembourser vous-même), soit 3 569 € le m², donc très au-dessus des prix d’aujourd’hui dans l’ancien dans ce quartier (plutôt vers les 2 300 € le m² pour la rue de Cugnaux) et proche des prix des appartements de très haut standing du quartier (mais vous n’achetez pas du haut standing).
Pour une opération qui rapporterait
4 % par an pendant 9 ans, il vous faudrait revendre à 245 219 €, soit 3 772 € le m². Vous aurez alors remboursé la banque à hauteur de 166 603 €, vous aurez dépensé 65 397 € et gagné 13 219 €, pour un investissement de 278 250 €.
Pour une revente au prix d’achat, ce que laisse supposer l’étude que l’on vous a remise (« capital garanti au terme »), soit 278 250 € (le « conseiller » inclut même les frais de notaire dans la revente), cette opération serait particulièrement rentable car vous auriez gagné 111 647 €, soit un rendement net annuel de 11,50 %. Mais 278 250 € pour un logement de 65 m² correspondrait à 4 280 € le m².
Si vous y croyez, moi pas sinon tout le monde se précipiterait pour en acheter, ce qui n’est pas le cas car il y a plein de logements neufs à vendre sur internet, dont un certain nombre déjà construits.
Dans 9 ans, vous vendrez un logement ancien sans la réduction d’impôt et votre acheteur se réfèrera donc aux prix de l’ancien. Donc pour avoir une chance de revendre à 4 280 € le m², il faudrait que les prix de l’ancien aient augmenté de 86 % en 9 ans (de 2 300 € à 4 280 € le m²), soit 7,15 % par an ou même de 22 % si vous considérez que c’est du haut très standing (de 3 500 à 4 280 € le m²), soit une moyenne de 2,24 % par an.
En tant que conseil indépendant, je ne peux pas valider un tel pari tant le risque est important : je vous rappelle que vous vous engagez sur un crédit de 278 250 € et que vous pariez sur un prix de revente qui ne comporte aucune garantie. Et vous n’aurez pas le choix : étant donné le coût de l’opération quand la réduction d’impôt disparait, vous serez obligés de revendre (pourvu que le marché immobilier toulousain soit en forme à ce moment).
Enfin, l’immobilier étant un placement à long terme fait pour procurer un revenu (le loyer), pourquoi alors acheter avec, en objectif, une obligation de revente ? Je préfère de beaucoup un investissement fait pour être conservé dans le but d’un complément retraite, dont vous aurez probablement besoin."