Le bras de fer sur l’obligation du compte séparé (sans dérogation possible), engagé entre les associations de copropriétaires et les grands syndics a, de mon point de vue, peu de chance d’aboutir et de se concrétiser dans la loi annoncée depuis plusieurs mois (et sans cesse repoussée) de "moralisation" du métier de syndic.
Nous sommes en effet dans un monde où la gestion financière a une place « royale » et le métier de syndic (au moins pour les grands) n’y échappe pas, à tel point que pour certains syndics, elle prend le pas sur la gestion « technique et administrative » des copropriétés.
Un compromis acceptable, de mon point de vue, pourrait être :
- des comptes individualisés obligatoires par copropriétés dans le compte unique du syndic pour la gestion et l''entretien courants, permettant une imputation correcte (et facilement contrôlable) des dépenses pour chaque copropriété ; leur gestion continuerait de se faire au profit du syndic.
- des comptes d’épargne ou de placement par copropriétés pour les appels de fonds annuels et les réserves pluriannuelles pour travaux, sans frais de gestion du syndic, couverts par la garantie du syndic, la totalité des intérêts bénéficiant à la copropriété.
Je suis aussi persuadé, pour être efficace au quotidien, que l’exercice du rôle du conseil syndical doit être plein et entier(voire renforcé par la loi), pour protéger les copropriétaires des abus et irrégularités de leur syndic. Impulsé par le conseil syndical, la mise en concurrence (dans un esprit de meilleur rapport qualité / prix) doit pouvoir trouver toute sa place :
- pour la désignation du syndic, en instituant un sain rapport de forces (de préférence entre les grands syndics nationaux et les syndics locaux ou régionaux), sur la base de mandats annuels, non reconductibles tacitement,
- pour la désignation des prestataires de la gestion courante, pour éviter les pratiques où, à prix fort, le syndic délègue totalement son rôle à certains prestataires, sur de longues durées.
Cela suppose évidemment, dans le maquis et la complexité des textes qui régissent la copropriété, que les copropriétaires accordent une grande importance à l’élection des conseillers syndicaux, notamment :
- en tenant compte des compétences qui peuvent être utiles à la copropriété
- en leur accordant des durées de mandat de 3 ans de manière à rentabiliser l’investissement intellectuel de départ nécessaire
- en permettant au conseil syndical de s’entourer de conseils pour les questions pointues (professionnels ou adhésion à une association); ce sont des dépenses en général rentables pour la copropriété.
Il est naturellement essentiel que le conseil syndical assure son rôle de charnière indispensable entre le syndic et les copropriétaires, par une information et un dialogue de qualité.
Je plaide finalement :
- certes pour la "moralisation" du métier de syndic par une loi plus équilibrée
- mais aussi pour une certaine "professionnalisation" du conseil synd