Messagepar uzec » 17 oct. 2012, 08:34
Ma fille s’est blessée à la bouche l’an dernier en faisant une chute de vélo. Avec son père, nous l’avons conduite aux urgences de notre petite ville, des urgences dont la réputation est bien mauvaise mais nous ne voyions pas à ce moment-là d’alternative.
Là, elle a été prise ne charge par un médecin. Radios, examens … Rien, juste 2 points à mettre sur la bouche et une dernière précision. Dans la bouche, « je ne fais rien il n’y a rien à faire ». Côté antibiotique « la maman semble en vouloir, donc j’en donne.»
Une infirmière a demandé à notre fille ; « Tes dents, tu sens qu’elle bouge dans ta bouche ? » Cette infirmière voulait-elle que le « médecin » qu’elle accompagnait entende le problème ? Je ne le saurais jamais. Je me demande encore ce que cela peut faire d’assister un médecin dont on voit que manifestement, il est incompétent.
Le lendemain, j’ai essayé de voir des spécialistes, peu convaincue de la qualité du diagnostic de cet urgentiste, je ne cherchais pas vers les dentistes, j’avais bien entendu qu’elle n’avait rien aux dents… Vacances (27 juillet), surcharge de travail, je n’ai pas été réçue. A l’hopital de Saint-Brieuc, au Pavillon de la mère et de l'enfant, on a refusé de nous recevoir en précisant qu’il fallait la laisser tranquille, qu’elle soit moins tuméfiée, il sera bien temps de la voir alors, il n'y avait pas d'urgence.
J’ai appelé un généraliste, voyant comment toutes les portes des médecins dont j’espérais qu’ils voient ma fille se fermaient une à une, j’espérais qu’il m’oriente vers un praticien qui puisse m’aider.
A son arrivée, Il a semblé choqué par l’état de ma fille, cela ne correspondait aux 2 points sur la bouche que j’avais annoncé au téléphone. Je voulais qu’on fasse une radio rétro alvéolaire à ma fille. D’un ton presque exaspéré, il a dit « que voulez-vous que je fasse de plus ? « Clairement, tout avait été fait selon lui à l’hopital. Quant à la rétroalvéolaire que je voulais lui faire faire, comment ne me venait-il pas à l’esprit, qu’elle n’ avait pas été faite parce que ma fille n’en avait pas besoin… Ce deuxième avis m’a convaincue d’arrêter de me « battre ». J’ai entendu ces recommandations de la laisser tranquille. Vu son état c’était si tentant…
9 jours plus tard, nous demandons un bilan dentaire que personne ne nous avait recommandé. Nous le faisons quand notre fille a enfin pu ouvrir la bouche. Là, le diagnostic change : fracture de la table alvéolaire. 4 dents pour lesquelles le pronostic est bien sombre… 1 est morte.
J’ai l’épouvantable sentiment d’avoir négligé ma fille. J'ai tant souffert de tous ces barrages, de cette incapacité à trouver des interlocuteurs.
Ma fille a 10 ans et elle a perdu ses dents. Cela arrive, cela arrive beaucoup : les incisives sont très fragiles. Pour autant, à combien d’enfants est-ce arrivé faute d’une prise en charge sérieuse aux urgences ?
Que sont ces urgences qui ne savent pas gérer un choc à la face, pourtant bien classique ? Que sont ces médecins intérimaires qui arrivent d’on ne sait où ? Qui contrôle leur diplôme ? Est-ce normal de ne pas exiger de contrôle des connaissances ? Le médecin qui a « soigné » notre fille a été étonné de voir 2 séries de dents : les définitives sous les dents de lait !
Je ressens une colère énorme. Je mesure mon statut de citoyen de seconde zone en matière de santé dans une petite ville comme la mienne. Je vois beaucoup de personnes militer pour que l’on garde un hôpital, une maternité dans notre ville. Si c’est pour trouver un « bras cassé » derrière la porte, je signe des 2 mains pour un système de santé centralisé et, enfin, performant.