Messagepar GGDEBAR » 21 mars 2015, 23:15
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Un huissier de justice en justice
Lessiveuse.jpgLa douceur de vivre dans le Lot-et-Garonne n’est plus à démontrer, alors autant ne pas se priver. Notamment en piquant dans la caisse, ce qui est, me-direz vous, peu banal. Mais qui le devient tout un peu plus quand la caisse en question a été remplie dans le cadre recouvrement forcé, par un huissier, auxiliaire de justice. De quoi susciter l’ardeur au travail de notre huissier auto-blanchissant. C’est la jolie petite histoire que nous raconte La Dépêche du Midi. Episode croquignolesque, délinquant et inconséquent : les aventures de l’huissier de justice de la commune de Puymirol, près d’Agen.
Genre :
Acte 1 : « Monsieur, il faut payer, je ne veux rien savoir ; c’est l’exécution forcée d’une décision de justice. »
Acte 2 : « Merci mon gars, le fric c’est pour ma pomme. »
Une belle grosse pomme de nos campagnes : 240.000 euros détournés diront les experts. Il faudra trois expertises pour se retrouver dans les comptes de l'huissier. Avec à la clé un train de vie pas forcément misérable, dont notamment une petite prime de réusltat de 75.000 euros en espèces retirés en deux ans. Tout augmente ma pauvre dame ! Ah que la vie est difficile…
Oui, vous avez bien compris. Les 240 000 € détournés, c’était sur l’argent récupéré, menace de saisie à l’appui, avec en annexe quelques frais rémunérateurs… Ce qui signifie que le débiteur paie ce qu’il doit, les intérêts, les intérêts majorés et les frais. Et quand il a fini de payer, et bien… il continue à payer car le compte n’est jamais juste, et pour cause. Exemple fourni à l’audience par l'avocat d'un agriculteur en redressement judiciaire : il avait remboursé à la Mutualité sociale agricole les 16.000 € qu’il devait, mais après le passage par la blanchisserie de l’huissier, il devait encore 8.000 €. Un panier percé. L’huissier a été suspendu en 2006, lorsque l’affaire a éclatée, et l’étude a depuis été placée en liquidation judiciaire.panier_%20perce2002.jpg
240.000 euros… Ca ne vaut pas plus la peine de braquer le banques. Et, les réquisitions du Procureur rapportées par La Dépêche témoignent d'une quasi-tendresse : neuf mois de prison avec sursis et une interdiction d'exercer sa profession pendant cinq ans. Avec pourtant ce commentaire, qui souligne l’ampleur des conséquences : « À cause de ces manquements graves, des entreprises se retrouvent aujourd'hui en procédure collective au tribunal de commerce ».
La prison évitée… toujours une bonne nouvelle, pour des faits de cette ampleur, en abusant du pouvoir que confère une fonction d’auxiliaire de justice, et avec un comportement ancré et répétitif. . Et une bonne nouvelle qui réjouira tous ceux qui se font entôler pour de petits larcins. Et les délicieux cinq de suspension d’exercice… pas mal non plus ! Générosité à saluer pour donner une deuxième chance… mais qui est une deuxième malchance pour les débiteurs du coin. Il reste que la chambre disciplinaire peut prononcer, parallèlement à l'instance pénale, une radiation définitive,… mais la compréhension du procureur ne l’y encourage guère.
Notre ami a d’ailleurs anticipé sa reconversion…et dans un domaine qu’il connait bien. Il a annoncé au tribunal qu’il exerçant désormais une activité de recouvrement de créances. Ca ne s’invente pas, et visiblement ça n’a pas ému outre mesure notre procureur. Délibéré au 11 février. Et surtout, ne nous fâchons pas… Douceur de vivre avant tout.