Messagepar flo88 » 23 févr. 2016, 08:49
Bien qu'utile sur le plan médiatique, l'impact scientifique de cette enquête est, je crois, très limité : l'intérêt toxicologique à uniquement détecter des molécules dans des cosmétiques est nul si ces molécules ne sont pas dosées ensuite.
Dans le cas présent, les résultats ne font qu'attiser la peur des consommateurs, sans aucune analyse du risque pertinente : vous ne faites aucune différence entre un cosmétique contenant 1% de phénoxyéthanol et un autre en contenant 0,1%. Alors que même pour un non-initié, il est assez intellectuellement compréhensible que le second présenterait 10 fois moins de risque que le premier.
Je ne remets pas en cause votre travail, mais souligne ces faiblesses. Aujourd'hui, quantifier des molécules n'est pas beaucoup plus cher que les détecter, vous auriez pu faire un effort !
Car, là, quelles seront les conséquences : au mieux, vous allez réussir à faire changer de conservateurs à deux ou trois marques. Un nouveau conservateur va être trouvé, puis on s'apercevra dans 3 ans qu'il est plus dangereux que celui qu'il remplace (cf. le remplacement des parabens par le MIT, c'est exactement cela), alors qu'une analyse du risque pertinent aurait permis de discriminer telle ou telle marque, qui certes utilise du phénoxyéthanol, mais à des concentrations raisonnables. Imaginons que les marques suppriment tous ces conservateurs : je vois d'ici votre une sur les cosmétiques envahis par les microbes.
En conclusion, une enquête moins manichéenne aurait un impact plus pertinent sur les marques ciblées (car elles pourraient se comparer quantitativement à leurs concurrents mieux notés et modifier leurs pratiques, les concentrations de leurs conservateurs incriminés), et beaucoup moins anxiogène (pour pas grand chose) pour les consommateurs. Le nombre de tirage serait sans doute différent, mais entre honnêteté et chiffre d'affaire, je suis certain que, militants et engagés, vous saurez faire le bon choix.