Si, au regard de la loi, une personne très vulnérable est, par définition et pour sa protection, placée sous tutelle d'un proche et d'un magistrat spécialisé (juge des tutelles) pour n'avoir à se soucier ni de son quotidien ni de son avenir, la réalité, elle, est toute autre.
Depuis de nombreux mois, je me bats, en tant que tutrice, de toute mon âme, pour faire appliquer, dans les temps, les droits de protection judiciaires de ma tante pour tenir une promesse : faire en sorte qu'elle vive chez elle. En paix.
Mais à quel prix ?
Gérer le quotidien de ma tante en situation de handicap fort, exige, comme le savez sûrement, en plus de gérer ses rendez-vous médicaux, de superviser l'activité de 5 aides à domicile chaque jour, 2 chaque nuit, parce qu'elle est devenue 100% dépendante (ne sachant se servir seule de son alarme, ni manger seule, etc.). Une gestion médico-sociale normale d'une aidante standard.
Ce qui est devenu à la longue anormal, irréel, illogique, injuste, pesant et bloquant, c'est que je dois, seule, déplacer des montagnes (assurance, banque, impôts, administration de justice) censées appliquer la loi. Me battre contre des temps d'actions et de réaction qui ne sont pas coordonnés, de structures lourdes, bureaucratiques, vides de sens humain. Et qui provoquent : retards, dettes... Qui s'accumulent. Mon quotidien est devenu un enfer.
En plus de déplorer que banque et assurance font leur propre loi, décident de leur coté, en-dehors des décisions de justice qui devraient, en dernier recours, prévaloir. Au mépris des intérêts et du bien-être de ma tante, cotisante fidèle, honnête, disciplinée, citoyenne.
Suite à un manquement préjudiciable et non rétroactif d'avance d'impôts (légitime en tant qu'employeur CESU d'aides à domicile) cumulée à une dégradation subite de sa santé, de plus grands besoins d'encadrement à financer ont surgi du jour au lendemain. Il a fallu réagir vite.
Heureusement, me suis-je imaginée, grâce à l'épargne de ma tante, qui a travaillé toute sa vie pour sa retraite et pour ne pas que les membres de la famille subviennent à ses besoins en cas d'urgence, je vais pouvoir y pourvoir dès que possible car plus tard, cela va s'amplifier avec l'âge et une maladie incurable.
C'était sans compter le temps infini de réponse des magistrates successives en charge de sa protection. C'était sans compter l'obtention, après moultes démarches, d'une audition inutile, d'une ordonnance de rachat très en-dessous des besoins. 6 mois d'attente, ici. Faisant suite à des mois et des mois de démarches ailleurs (avant/pendant/après son déménagement), là.
Le dossier de tutelle n'a jamais été transmis dans les temps entre les tribunaux judiciaires. Il lui a fallu donc, refaire le dossier complètement. Poster et attendre et aller chercher les avis de courriers avec accusé réception. Parmi les mises en demeure hebdomadaires des Urssaf CESU.
Attendre. Faire patienter.
Se faire entendre dire par un greffier devant le mutisme approbateur d'une juge que la gestion des biens ma tante est plus que bancale, n'était pas et de loin le coup d'épée le plus blessant reçu. On attaque lorsque l'on se sent blessé.
Aujourd'hui, les coups portent... atteinte à une personne fragile. Jusqu'où ?
Ça n'est plus tenable.
Résultat des mises en demeure successives des urssaf, des dizaines de milliers d'euros de créance, suite au blocage de prélèvement pendant des mois des charges employeur, du loyer, paiement du salaire des aides de vie prélevé sur mon salaire et mon pel... Car derrière ses aides de vie (jeunes mamans et grands-mères), il y a... des vies, des familles.
Un début de surenchère infernale. Une spirale sans fin. Alors que les moyens sont là. L'énergie du désespoir également.
Une lenteur aux airs cyniques et morbides de rétention d'épargne pour un après... Dans quel but précis ? Pour quel bénéficiaire ? On ne se pose même plus cette question tant la réponse interroge, gravement et donne la nausée.
Un recours contre la décision de la juge des tutelles est maintenant dans les mains de la cour d'appel de B. Combien de temps à attendre encore ? Et pour obtenir quelle réponse ?
Confiante jusqu'au bout malgré tout, à bout de démarches, j'ai fait appel hier au défenseur des droits puisque ma tante, faute de paiement de sa protection juridique n'y a plus droit. L'assurance (qui a récemment racheté des sociétés de mutuelles de santé) fait ce qu'elle veut (bloque, débloque des sommes, fabrique et enclenche des avenants à des contrats non signés), agit ainsi avec ses adhérents fidèles, sans entrave.
Face aux failles d'une justice aussi inconséquente, comment ces blocs de glace indépendants de tout contrôle et dénués de toute éthique pourraient agir honnêtement en toute transparence ?
Joyeux Noël.
De la part, d'une nièce qui tente de rester debout, pour que sa tante continue son bout de chemin et vive normalement, dans son bon droit, dans un fauteuil, clouée.
Continuer coûte que coûte de protéger mon aïeule et de tenir ma promesse me fait tenir. Jusqu'à quand ?
J'ai bien sûr une pensée à ceux qui ne peuvent s'offrir le luxe de choisir par eux-mêmes de rester libres, jusqu'au bout.
Si vous aussi vous vivez le même enfer, la même frustration et la même injustice, témoignez.





l’argent est là, gagné honnêtement par ta tante pour précisément faire face à ce genre de situation,
