Vous ne connaissez peut-être pas cette formule qui combine un vol Air France et un billet SNCF pour vous rendre à l’aéroport.
Le principe : dès que vous embarquez dans le train, vous êtes enregistré sur votre vol. Air France fait preuve d’un bel optimisme en vous faisant arriver à l’aéroport pour un vol international une heure avant le décollage. Sans doute la promesse commerciale d’un voyage tout confort, d’une expérience client sereine. Sur le papier, l’écran de votre ordi ou de votre Smartphone… Dans la vraie vie, c’est autre chose.
Pour vivre une expérience voyageur palpitante, agrémentée d’une bonne dose de stress, choisissez la formule et gagnez du temps, ne lisez pas la suite.
Sinon, lisez, et réfléchissez.
Nous venons d’éprouver les limites du système.
Prenez une gare TGV internationale, Lille en a une, dénommée Lille-Europe, à 800 m de la gare Lille-Flandres. On apprendra que l’adjectif « internationale » a toute son importance ici. Prenez une gare TGV internationale, donc. Ajoutez un impondérable qui bloque l’accès à la boutique SNCF et son guichet air+train, et retarde le départ ou supprime des TGV toutes destinations. Deux mots sur l’impondérable : un accident de personne, euphémisme ferroviaire en général pour suicide sur la voie, ici en gare, et toute ma compassion va aux proches de la personne comme au personnel de la SNCF qui a vécu de près ou de loin cette tragédie, je sais de quoi je parle.
Mais retournons aux tribulations du voyageur : essayez de trouver dans la gare des agents en gilet orange (la SNCF a supprimé les points d’information fixes) pour vous donner la marche à suivre. Ensuite, patientez, puis, quand votre tour est venu, essayez de leur soutirer des informations valables. Lisez sur leur visage leur grand désarroi, car ils n’ont pas de réponse, ils ne sont pas formés. A tout hasard, on vous envoie à l’autre gare pour vous faire enregistrer à l’embarquement du vol. Là-bas, la directrice de la boutique vous fait répondre que toute la gare internationale est rouverte. Vous y retournez : l’espace boutique est toujours fermé. Vous avez dépensé deux mille calories et une bonne quantité d’adrénaline pour rien. Et le temps passe, l’espoir d’être bien enregistré file… Puis Lille-Europe vous renvoie à Lille-Flandres d’où partira finalement votre TGV. OK : encore jouable. Re-mille calories dans l’autre sens en cavalant, l’adrénaline s’accumule dans votre organisme… Sur place, vingt minutes de retard annoncé pour le TGV qui doit vous déposer à Charles de Gaulle. Le temps d’aller se faire enregistrer pour l’embarquement Air France à la boutique. Ah, non, Monsieur, la gare Lille-Flandres n’est pas une gare internationale, quand vous présenterez votre billet au contrôleur, il ne pourra pas faire la procédure auprès d’Air France…
Manifestement, Air France et la SNCF vivent dans un monde idéal, sans retard de TGV, sans incident de parcours, et sans formation correcte des agents censés informer valablement les voyageurs.
La suite de cette expérience désastreuse à venir : le voyageur en route vers l’Amérique du Nord est actuellement à Roissy…