La ronde des logos
Bio, non bio, vrai bio, faux bio... Aujourd’hui l’agriculture biologique est devenue tellement un phénomène de mode que l’on ne sait même plus quels produits nous assurent une alimentation saine. Tout le monde cherche le profit et qu’importe la méthode, pourvu que celle-ci rapporte de l’argent.
Je voudrais tenter ici d’aider les consommateurs à mieux comprendre ce « bio » que l’on construit en masse et que l’on veut absolument voir sur toutes nos tables en vous racontant mon histoire. C’est en tant que producteur, mais aussi comme technicien arbo, que je vais essayer de vous éclairer...
Installé depuis 2003 comme Arboriculteur Biologique sur un verger déjà en bio depuis plus de 10 ans, seul producteur de fruits bio de la région, j’avais le sentiment d’être au départ un peu « le phénomène écolo » que les autres arboriculteurs regardaient en rigolant.
Aujourd''hui, ces derniers reconvertissent une partie de leur verger en bio ou plantent de nouveaux vergers. Quand cela a commencé, j''étais plutôt satisfait, c’était pour moi la clef de la réussite : un message enfin compris.
Erreur ou naïveté de ma part : ces arboriculteurs convertis en partie n’ont que faire de la bio, seule la niche commerciale les intéresse. Pour cela, ils se regroupent auprès de centres techniques de productions et plantent des hectares de vergers bio intensifs. Ces vergers bio comptent entre 2.000 et 3.000 arbres par hectare dans le but d’obtenir des rendements 3 fois plus élevés (60 t/ha) qu’un verger bio traditionnel (20 t/ha) : le symbole même de la spéculation et du business financier ! Qu’importe l''éthique, le principal est de faire du bio à n’importe quel prix, quelles que soient les méthodes employées. Ces vergers subiront 60 à 80 interventions phytosanitaires (autorisées au cahier des charges bio), soit en moyenne 2 traitements par semaine. Sachez également que, malgré leur autorisation, de nombreux produits sont nocifs pour la santé humaine et font mourir un grand nombre d’auxiliaires utiles aux cultures, notamment nos abeilles. Il est évident qu’en densifiant les populations, les arbres seront plus sensibles aux facteurs extérieurs et, comme la production de fruits est très technique, ces traitements sont quasi obligatoires.
Ma question est alors la suivante : avec de telles méthodes et de telles autorisations, la production de fruits biologique ne serait-t-elle pas plus dangereuse pour l’homme et notre environnement que la production fruitière du conventionnel qui utilise des insecticides spécifiques (acaricides, aphicides…) et avec un cahier des charges relativement homogène entre tous les pays, contrairement à celui de la bio ? Il est quand même triste qu’en tant que producteur bio, je puisse me poser une telle question. Ainsi, vous verrez donc des vergers palissés avec de grands poteaux, des filets nylon au-dessus des pommiers pour lutter contre la grêle, des systèmes d’arrosage très performants et intempestifs comme dan