Messagepar Zizwhite » 27 juin 2016, 10:12
Échange de salutations. La voix au bout du fil m’annonce tout de go qu’il travaille pour le groupe Cofinoga et BNP PARIS BAS, ce qui m’a empêché de raccrocher. Allez savoir, ce pourrait être important…
Rapidement, on m’a expliqué vouloir me faire souscrire un contrat d’assurance qui couvre essentiellement une assurance numérique, auquel s’ajoute une protection juridique.
Il faut savoir que suis déjà bien assuré pour le premier de ces risques.
Et que je n’ai nul besoin d’une garantie protection juridique.
J’aurais dû couper mon interlocutrice au milieu de la phrase qu’il lisait de toute évidence sur un écran et raccrocher.
Mais, la faute à une politesse mal maîtrisée, je l’ai laissé continuer. « Pour lui faire plaisir » et aussi « Parce que ça ne doit pas être facile de faire ce boulot ».
Foutaises.
En somme je suis misanthrope et parfaitement stupide.
On m’explique que l’on va m’envoyer de la documentation, que cela ne m’engage en rien.
Que je serais couvert par la garantie « immédiatement » (c’est à dire ?). Que le premier mois est gratuit et que si je le décide le contrat se terminera au bout d’un mois.
J’acquiesce machinalement à son discours ; de plus en plus curieux de voir où il m’emmène.
Et puis je frémis lorsqu’il m’annonce que la suite de la conversation va être enregistrée.
Il me répète en substance ce qu’il vient de m’expliquer mais cette fois, ce sont de toute évidence les clauses du contrat qu’il est en train de lire, avant d’achever par un « vous êtes d’accord » empreint de tout ce qu’il faut d’autorité.
A ce stade, je veux vérifier ce que je crois comprendre, alors je réponds simplement « j’ai compris ».
Nouvelle lecture de la clause. A une vitesse folle. Puis il me redemande « Vous êtes d’accord, oui ? »
Je suis à présent certain que l’on veut me faire contracter une assurance par téléphone. Pour près de 10 euros par mois, non sans m’avoir « offert » le premier, évidemment.
Pour la deuxième fois en moins de cinq minutes, je sais que je devrais raccrocher.
Au lieu de cela, je réponds « oui », une nouvelle fois. Je découvre une pratique qui m’était étrangère et j’ai envie d’aller au bout de l’expérience ; de comprendre ce qui fait que ce type de démarchage fonctionne.
Parce que cette pratique doit fonctionner, faute de quoi elle aurait rejoint la section archéologique des techniques de vente.
Mon interlocuteur m’attrape à ce stade de ma réflexion.
Il a déjà entamé le second virage de la prochaine clause avec le « flow » maîtrisé de Shurik’n.
Espiègle, j’attends le prochain, « vous êtes d’accord, oui » et réponds « je vous entends ». Il en faudrait plus pour désarçonner le sprinteur à l’autre bout du fil, qui reprend l’air de rien la récitation de son couplet jusqu’à obtenir un « oui » distinct, qu’elle me fait d’ailleurs répéter.
A ce stade, il n’y a plus que deux issues possibles. Soit je raccroche soit j’acquiesce.
Ma curiosité me perdra.
J’ai dit oui, encore et encore, alors que l’autre récitait hâtivement les versets du code de la consommation.
Vous l’avez compris, je suis proprement stupéfait par ce type de pratique dont j’ai toutes les raisons de penser qu’elles peuvent se révéler être un véritable piège pour des gens qui ne sont pas, comme moi, des professionnels du droit.
Pour la plupart des gens, résilier un contrat, est une épreuve. Il faut lire et comprendre ledit contrat, connaître ses droits, rédiger une lettre, s’assurer qu’elle a été prise en compte. Relancer au besoin. Ne pas hésiter à mettre en demeure et en désespoir de cause saisir le juge de proximité.
Tout cela, les organismes de crédit et les assureurs tels que ceux qui m’ont démarché le savent parfaitement.
Ils savent également que peu de gens s’astreindront à une telle démarche pour mettre fin à une dépense inutile qui est inférieure à 10 euros par mois. De sorte que ces contrats peuvent perdurer des mois voire des années, parfois sans même que les souscripteurs ne se souviennent de leur existence.
C’est assez moche, je trouve.
N°CONTRAT 306005 56954774792