Les résidences séniors ont le vent en poupe, publicités tapageuses, qualificatifs élogieux, etc …de vrais paradis pour les séniors aisés. Qu’en est-Il réellement ? Certains établissements, exploités par « la mafia de l’or gris » comme qualifiée par Christie Ravenne dans son livre « Gagatorium (quatre ans dans un mouroir doré) » mériteraient l’intérêt du législateur.
Nos maisons de retraite ayant souvent mauvaise réputation, les investisseurs se sont rués sur ce créneau afin d’accueillir dans un confort incomparable, des séniors en pleine santé rayonnants de joie de vivre (cf. les brochures commerciales). Mauvaise cible, la réalité est malheureusement tout autre. Après quelques années d’exploitation, force est de constater que pour avoir un taux d’occupation rentable (contrarié par la croissance des réalisations) il devient nécessaire d’ouvrir ces établissements aux personnes à mobilité réduite et autres handicapés, sans toutefois disposer d’une structure adaptée à cette nouvelle clientèle.
Expérience personnelle:
Le maintien à domicile de mon épouse handicapée devenant de plus en plus difficile à gérer (appartement non adapté), nous avons décidé (en novembre 2018) d’intégrer une résidence sénior. Notre choix s’est porté sur la région Bordelaise où habite une de nos filles. Souhaitant un logement de 3 pièces nous n’avons eu, compte-tenu des disponibilités, d’autre choix que Domitys qui se proclame N°1 de ce type de structures. Petite précision, cette première place n’est pas due à la qualité des services mais au nombre d’établissements réalisés.
Souhaitant conserver un environnement proche de celui où nous vivions, nous avons déménagé la totalité de notre mobilier, confiant à un garde-meubles l’excédent qui ne pouvait entrer dans notre nouveau logement. Curieusement, Domitys nous recommanda ‘‘chaudement’’ Sénior Transition (‘’Expert en déménagements séniors’’ (sic) basé dans les Alpes maritimes) pour piloter ce transfert de Banlieue parisienne à Bordeaux.
Sénior Transition sous-traita cette opération à Project Services qui chiffra le coût à 5 292 €, bien que ce montant soit environ 800 € plus élevé que celui de la concurrence, nous acceptâmes, influencés par les recommandations de Domitys.
Project Services fit appel à un autre partenaire Déméco qui confia finalement ce travail à Chevrier Paris. Mauvais choix car le mobilier fut sérieusement abîmé par ce déménageur incompétent. Domitys et Séniors Transition nous ayant assuré de leur appuie dans notre demande de dédommagement « pour que celle-ci soit traitée de la meilleure des manières et dans les plus brefs délais », nous étions confiants.
Un an plus tard, curieusement rien ! Séniors Transition et Domitys, malgré une dernière relance, ne répondent plus. Un grand silence également de la part des autres participants à cette ‘’pompe à fric’’. J’allais oublier, en mars 2019 un expert du cabinet LG avait estimé le préjudice à 90 € !!!
Après ces débuts pour le moins ‘’foireux’’, où est le nirvana annoncé:
- Le site n’a rien de bucolique, Bacalan ancien quartier ‘’zonard’’ de Bordeaux est en cours de réhabilitation en quartier ‘’zonard’’ par un nostalgique de la tôle ondulée et des toitures à redans. Bien que récentes ces constructions apparaissent déjà dégradées.
- Pas de commerces de proximité, juste un Carrefour City et une pharmacie.
- La résidence est une réalisation à moindre coût, seulement deux cabines d’ascenseur pour 143 logements. Equipement sommaire des appartements: pas de climatisation, pas de LL, pas de LV, pas de lits à sommiers électriques comme dans d’autres établissements. Chute du débit d’eau dans la douche lorsque votre voisin prend la sienne, etc…
- Le logement manque de clarté, ensoleillement contrarié par les constructions voisines, mais le choix étant limité, c’était le ‘’moins pire’’. Visite rapide à l’arrivée et peu d’explications sur les équipements. Son entretien (1h30 par semaine) est inclus dans un pack comprenant entre autres le lavage-repassage du linge personnel. Ménage bâclé (manque de temps ?), repassage peu ‘’peaufiné’’ (pas de dédommagement pour un drap brûlé). Abandon de cette prestation.
- Les repas, rien à voir avec le restaurant de qualité annoncé sur les dépliants publicitaires. Domitys étant associé à Sogeres (entreprise de restauration collective 350 000 repas par jour dixit Les Echos (2018)), une nourriture industrielle, pas toujours ragoûtante est servie. Pack dit ‘’gourmet’’ résilié après quelques mois.
- Le personnel manque de professionnalisme et de stabilité, depuis notre arrivée environ 50% de l’effectif a été renouvelé sur un total d’une vingtaine de personnes. Petit salaire en regard de la charge de travail sans doute. Les stagiaires sont monnaie courante. Tout cela induit un manque de suivi dans les demandes, il faut souvent relancer pour obtenir satisfaction.
- Les factures pas très claires au premier abord et les erreurs (assez courantes) telles que l’imputation de service déjà compris dans un pack ou des différences entre la somme facturée et le montant prélevé. Bien sûr, si vous constatez une erreur fondée vous aurez droit à un avoir, mais tous les résidents épluchent-ils leurs factures ?
- La connexion internet est en principe illimitée, mais de temps à autre, elle est interrompue par un message affichant votre consommation depuis votre arrivée. Est-ce pour signaler qu’il ne faut pas abuser de l’illimité ? Cette connexion non sécurisée est ‘’fliquée’’ enregistrement des données opérationnelles de connexion, adresses visitées,… Les séniors seraient-ils des Djihadistes en puissance ?
Liste non-exhaustive, cette nouvelle vie réservant encore des surprises, on est loin du ‘’cocooning’’ annoncé. Pour l’aidant que je suis, aucun soulagement par rapport à ma vie précédente, j’irai jusqu’à dire que c’est pire.
Conclusion, pour pallier une partie de ces insuffisances, nous faisons appel à un traiteur pour la livraison des repas et à une aide-ménagère pour l’entretien du linge et du logement (comme c’était le cas dans notre ancien logement). Il est évident que dans ces conditions la résidence sénior perd de son intérêt. Il serait nettement moins onéreux de louer un appartement plus confortable dans un quartier plus accueillant et de faire appel à des prestataires pour assumer le quotidien (avec le développement de l’aide aux personnes les offres de service sont pléthoriques). Evitant ainsi les contraintes d’une vie en communauté. Mais encore fallait-il habiter une résidence sénior pour en découvrir la face cachée et conclure que pour « vivre l’esprit libre » il fallait s’abstenir.