Messagepar mikala » 06 avr. 2017, 13:06
Il est vrai que les "jeunes qui ricanent" sont particulièrement pénibles, mais pour leurs collègues aussi rassurez-vous! Par contre sachez qu'en principe, en tous cas de ce que je constate, ceux qui ont ce comportement sont le plus souvent des intérimaires, à qui d'ailleurs on ne proposera pas de cdi parce qu'ils ne s'impliquent ni dans le service à la clientèle, ni dans la réussite de l'entreprise... Il y a donc de fortes chances que ces jeunes que vous voyez ricaner au lieu de venir vous aider à composter ne soient plus là d'ici quelques mois... Ce sont d'ailleurs souvent des gens qui débarquent à la poste persuadés qu'ils vont être payés à ne rien faire, et se contentent d'en faire le moins possible, ou alors s'imaginent qu'ils vont passer cadre en 6 mois sans avoir à prouver la valeur de leur travail sous prétexte qu'ils ont bac + 2 ou 3... Il y a aussi pour certains un problème de formation, dans les bureaux à forte activité, ils se retrouvent parfois "jetés dans la gueule du loup" au bout de seulement quelques jours de doublure, ce qui est évidemment bien insuffisant pour tout savoir et tout connaître du courrier/colis, de la poste mobile et de la réglementation bancaire. Comme en plus les anciens, qui ont souvent de grandes connaissances, partent à vitesse grand V, la transmission des connaissances ne se fait plus comme elle le devrait. Ceci précisé, il y a aussi tout de même quelques "anciens" qui sont parmi les plus infects, réfractaires à tout changement, habitués à mal parler à la clientèle parce que protégés par leur statut de fonctionnaire, qui considèrent qu'ils n'ont pas été embauchés pour le travail tel qu'il est aujourd'hui, et qui du coup ne sont ni souriants ni efficaces!
Autre détail qui peut influencer le comportement du guichetier: selon où l'on travaille, il faut quand même dire qu'on en prend "plein la gueule" sans arrêt, notamment dans les bureaux pudiquement appelés "à clientèle sensible", et il est vrai que les clients sont souvent infects et en plus très assistés. Cela va du sempiternel "sale faignasse de fonctionnaire" qui a toujours la cote, aux insultes plus pénibles, des crachats, parfois même des menaces de mort et aussi des agressions physiques... J'avoue que quand je viens de me faire insulter par 5 clients d'affilé, celui qui vient me demander de l'aide pour l'automate non pas parce qu'il n'y arrive pas mais parce qu'il ne veut même pas essayer, je lui demande d'essayer seul avant et de m'appeler s'il n'y arrive pas, parce que quand même si on n' essaye pas c'est sûr qu'on ne risque pas d'y arriver! Et parce que si on habitue les gens à le faire à leur place, le jour où on a trop de monde et qu'on n'est pas disponibles pour les aider, ils ne veulent pas essayer seuls et on se retrouve encore avec un client mécontent qui fait un scandale...
Pour ma part je ne suis ni jeune ni vieille, et de mon point de vue, les meilleurs éléments parmi mes collègues sont... des jeunes! Mais aussi serviables et investis dans leur métier, comme quoi cela existe. Ce sont aussi pour la plupart des fils et filles de postiers d'ailleurs, qui ont grandi dans l'esprit "service public". Le problème étant que le pdg de la poste doit jongler avec 2 impératifs qui sont par nature antinomiques: nous avons des obligations de service public, mais aussi des obligations de rentabilité, car la poste n'est plus une administration mais bien une entreprise, qui paye les salaires de ses employés avec ses bénéfices. Autrement dit quand l'état impose par exemple une distribution du courrier 6 jours sur 7, en tous points de la France avec un délai de 24 à 48h, il sait très bien que c'est impossible de le faire tout en étant "rentable". Donc à un moment donné, il faudra soit cesser d'être un service public, soit presser les facteurs comme des citrons qui n'ont de toute façon déjà plus de jus...
Je comprends que les clients soient furieux de tous ces changements qui ont eu lieu ces dernières années à la poste, mais d'un autre côté, ils ne sont absolument pas conscients des contraintes imposées. Par exemple, tout le monde est d'accord pour dire que la fermeture des petits bureaux de campagne est regrettable, mais parmi tous ceux qui s'en plaignent, quel est celui qui, s'il était employeur, serait prêt à payer la location des locaux et les frais afférents (taxes, électricité, chauffage...), plus le salaire d'un agent à temps plein, qui va réaliser parfois 5 opérations dans la journée, dont aucune à valeur ajoutée? Eh bien aucun! Exactement le même principe que celui qui se plaint de la fermeture des petits commerces mais va faire ses courses au supermarché du coin, ce n'est pas tenable pour le commerçant de fonctionner à perte, et c'est pareil pour les bureaux de poste...