Messagepar visiteur » 02 mars 2006, 16:21
Tout à fait d'accord avec vous : le problème du prix des médicaments doit être éxaminé dans son ensemble et pas seulement au bout de la chaine, c'est à dire chez le pharmacien. La vague de mécontentement provoqué par cet article vient du manque d'information du shéma d'approvisionnement des pharmaciens. Il existe principalement deux voies : celle du grossiste -répartiteur, comme la Cerp, l'Ocp etc (qui, lui-même achète les médicaments au laboratoire), et celle des commandes directes auprès des laboratoires. Ces commandes directes imposent des quantités commandées parfois très importantes, ce qui n'est pas à la portée de tous : il faut être sûr de vendre tout en un temps assez court, tout le monde n'a pas la capacité financière pour financer ces achats (surtout les pharmaciens qui n'ont pas fini de payer leur officine ce qui dure en moyenne 12 ans (c'est mon cas). Il existe bien sûr des groupements de pharmaciens qui peuvent permettre d'acheter à de meilleures conditions, moyennant unecotisation annuelle qui peut être parfois très élevée.
Le cout final d'un médicament, comme tout produit de consommation, ne se limite donc pas à la marge du pharmacien (il faut bien qu'il en aie une). Le prix = prix du fabricant + marge du répartiteur+marge du pharmacien. La part de chacun variant selon le mode d'achat. Il faut savoir que les marges des médicaments conseils achetés chez le grossiste répartiteur sont d'ordinaires voisines de 36.44%, c'est à dire qu'on multiplie le prix du médicament hors-taxe (tva 5.5) par un coefficient de 1.66. (cela ne me semble pas exhorbitant).Je ne pense pas dévoiler un secret de polichinel.
De toute façon, le pharmacien ne doit pas avoir honte de gagner de l'argent. Ce qui est acceptable pour un cadre supérieur doit l'être pour un pharmacien qui a le même niveau d'étude et une charge de travail comparable. Je ne connais personne qui exerce son métier uniquement par esprit de philanthropie. Travaillant parfois 50 heures par semaine, je trouve ça tout à fait légitime. Lorsque je me suis installée il y a quatre ans, je ne me rendais pas compte de l'étendue des activités d'un pharmacien titulaire. On apprend sur le tas. On se rend vite compte que ce que l'on gagne pendant 12 ans sert principalement à payer l'échéance du prêt et les charges. Ces charges ne doivent pas être comparées à celles d'un autre type de commerce de détail : les employés sont qualifiés, surtout,les pharmaciens adjoints qui ont des niveaux de rémunération beaucoup plus élevés qu'un vendeur de commerce. Ne croyez-pas que je me lamente sur mon sort : je veux simplement expliquer aux gens comment nous travaillons. Je trouve d'ailleurs que notre profession est très méconnue : on voit des reportages dans la presse écrite, à la télévision, à la radio, sur quasiment toutes les professions de santé, surtout les médecins, mais sur les pharmaciens, jamais. On n'en parle que dans des situations désagrables, comme celle-ci.
La pharmacienne blessée du 1er mars.