Il ne fait aucun doute que les médecins prescripteurs subissent la pression commerciale de l’industrie pharmaceutique avec une réceptivité variable de l’un à l’autre . Cette pression , en amont donc , est en tout point semblable aux autres pressions commerciales , sauf dans son impact budgétaire .
Mais il existe aussi une autre pression , celle-ci en aval , que l’on aurait tord de sous-estimer .
Un médecin convaincu , par exemple , de l’inefficacité du donépézil dans la maladie d’Alzheimer peut cependant être conduit à le prescrire et ceci pour deux raisons , entre autres .
On lui a tellement martelé le bénéfice thérapeutique du produit qu’un doute a pu s’installer dans son esprit : et si malgré tout il possédait quelques réelles propriétés … Par acquit de conscience il l’ajoute à l’ordonnance .
Dans la population l’indication de la substance est connue , du moins sous son nom commercial . L’entourage du malade comprendrait mal que le médecin refuse délibérément de le prescrire .
Cette demande de médicaments , cette pression en aval donc , est authentique .
De la même manière , quel médecin convaincu de l’inefficacité de l’oseltamivir dans la grippe pourrait-il omettre de le prescrire , si du moins il était à sa disposition ?
Une autre illustration de ce propos est représentée par les interrogations des consommateurs d’antalgiques à base de dextropropoxyphène à l’annonce de leur suppression . Auraient-ils admis que le médecin prenne de lui-même la décision d’en arrêter la prescription ?
Parvenir ainsi au final à toucher le dernier maillon de la chaîne de commercialisation médicamenteuse n’est-ce pas l’apogée de la publicité de l’industrie pharmaceutique ?