Ancienne gestionnaire de lycée, j'ai derrière moi 25 années d'expérience. Je crois avoir entendu toutes les arguments pour démontrer qu'"à la cantine la bouffe est dégueulasse". Même quand elle n'est pas si mal : en ce qui concerne les adolescents, ceci cache souvent d'autres malaises au sein de l'établissement scolaire .
Ce qui est vrai, c'est que dans un contexte de croissance de l'obésité des enfants, il convient maintenant d'être vigilant sur l'alimentation des enfants de maternelle ou de primaire. En collège, il y a peut-être encore certaines possibilités d'intervention me disaient mes collègues. En lycée, un adolescent qui a pris de mauvaises habitudes n'en change pas facilement. Mais généralement des choix sont proposés, ce qui permet aux jeunes qui veulent manger équilibré de le faire et à ceux qui aiment les friands et les "cordons bleus" avec des frites, d'en charger leur plateau avant de choisir une crème industrielle bien grasse et bien sucrée en guise de dessert. Des adultes font la même chose .
Dans les cantines municipales, outre l'avis d'une diététicienne, il me paraît impératif que les assistantes maternelles soient également formées et qu'elles jouent un vrai rôle éducatif. Celà suppose qu'il y ait un "projet" au niveau des services municipaux, et qu'on sache faire partager les objectifs de ce projet aux animateurs sur le terrain.
Les parents qui faute d'avoir des notions de diététique, ont mal éduqué leur enfant aux problèmes d'équilibre alimentaire, ne contesteront pourtant pas le bien fondé de menus équilibrés. Ce qu'ils veulent, c'est 1°) en avoir pour leur argent, c'est-à-dire que les rations soient abondantes (premier piège : un gros beafsteak de 250 g., même grillé, est supérieur à l'apport nécessaire)
et 2°) payer le moins cher possible. Or actuellement, ce qui répond à ces critères, c'est la nourriture industrielle.
Inéluctablement, si l'on veut que la nourriture s'améliore dans les restaurants scolaires (ou même dans les restaurants d'entreprise où la problématique est souvent la même), il faudra accepter de payer plus : d'abord pour rémunérer le personnel compétent. Tous les enfants mangeant à la cantine n'appartiennent pas à des familles défavorisées : il faudrait donc que ceux qui peuvent payer, payent le service qui leur est rendu à son juste coût. Pour les familles en difficultés, il existe toute une série de solutions : tickets repas pris en charge par les C.C.A.S., système de bourses ...
En ce qui concerne la confection des repas, les élus peuvent choisir entre la régie directe ou l'affermage, à condition de garder la maîtrise des grandes lignes politiques en matière de santé publique(objectifs à respecter : équilibre alimentaire et quantités, vérification que la "traçabilité" est effective), et surtout en évitant de retenir des sociétés qui ont à rémunérer des actionnaires, et qui ont en outre un tel poids financier, c'est-à-dire un tel pouvoir, qu'elles imposent des diktats aux élus.