Dépistage cancer du sein

[mariliseM]

Bonjour,

Votre article sur le dépistage du cancer du sein me laisse perplexe et interrogative. Est-il dangereux de se faire dépister ? L'acte en lui-même est-il dangereux ?
Certaines phrases posent des problèmes graves :
" l'effet des programmes de dépistage...s'il existe, est faible et le partage entre les effets bénéfiques et les effets délétères est très difficile" quels sont les effets délétères ??

" dans le même temps 10 femmes en bonne santé deviendront , à cause de ce dépistage, cancéreuses et seront traités inutilement" ??? comment peut-on écrire de telles phrases??

Peut-on être sûr qu'un cancer diagnostiqué n'évoluera pas ou peu ou régressera ???

Qui a écrit cet article ? certainement pas quelqu'un dont un membre de son entourage a été dépisté pour un cancer grave ! Le ton général de cet article me laisse amère et nauséeuse.

Je ne comprends pas la position de Que Choisir

[Eliane]

Bonjour,
Je n'ai pas lu l'article dont vous parlez, mais divers articles dans des revues médicales et il est vrai que le dépistage du cancer du sein n'a paraît-il pas les effets escomptés.
Les "faux positifs", les "faux-négatifs" en font un examen moins fiable qu'on le souhaiterait. D'autre part, à partir d'un certain âge le cancer évolue tellement lentement que la personne risque d'avantage de mourir de l'opération que du cancer: c'est ce qui est arrivé à une dame de mon village récemment.
C'est un examen qui serait utile , demandé par un médecin pour sa patiente s'il le juge utile sans qu'il soit systématique . En tout cas c'est mon avis.

[NdL]

Bonjour,

je suis médecin et j'ai lu la synthèse publiée par Que Choisir ici : http://image.quechoisir.org/var/ezflow_site/storage/original/application/dcf5a19fbd874b90924eda5775f62a81.pdf

C'est un document qui me paraît très clair et objectif, il fait référence, en les citant, aux dernières données parues sur le sujet.

Ce dépistage est un problème complexe. Il faut bien comprendre que le débat ne porte pas sur le fait de réaliser un dépistage, mais de le faire à une échelle collective. Il y a une quinzaine d'années, quand la décision a été prise, on était à peu près sûr de faire le bien, mais on le pensait sur la base d'études biaisées. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, et cela pose problème au corps médical, qui doit d'abord ne pas nuire.

Aujourd'hui, les autorités publiques poussent les femmes à se faire dépister, sans chercher le moins du monde à les informer sur la réalité des risques et avantages du dépistage. C'est complètement dogmatique.

Par exemple, une série d'articles a été publiée récemment, qui montre que le dépistage réduit le risque de décès par cancer du sein. Très bien, sauf que ce n'est pas le sujet. Pour un dépistage collectif, ce qu'il faut, c'est réduire la mortalité tout court, et pas seulement la mortalité par cancer ou par cancer du sein. C'est là que le bât blesse : dans l'étude danoise (une méta-analyse, en fait, récemment mise à jour) qui soulève le débat, les auteurs montrent qu'en réalité, il faut dépister 2000 femmes pour sauver 1 vie (et 10 seront traitées inutilement, c'est le surdiagnostic), et encore, avec l'amélioration des traitements, les chiffres pourraient même être moins favorables que ça (cela peut sembler contre-intuitif, mais c'est logique : quand le traitement s'améliore, l'intérêt de dépister tôt diminue).


Bien à vous.

[Richard46]

Je suis médecin cancérologue à la retraite depuis 2005. Je comprends parfaitement la réaction de Marilise qui se trouve désorientée et confuse. Cela fait 10 ans que j'incite les femmes de mon entourage à s'informer au delà des "campagnes roses" et autres publicités qui font appel aux réactions émotionnelles et jouent sur la peur des femmes. J'ai souvent rencontré les mêmes réactions d'incrédulité que celle de Marilise. Mes confrères m'ont traité "d'irresponsable". L'article de QUE CHOISIR est juste et courageux, mais il va se heurter à un tollé d'une partie du corps médical, dont les radiologues seront en première ligne.
Après avoir suivi le débat dans la littérature scientifique anglo-saxonne depuis 1998, j'en arrive à la conclusion que le dépistage systématique fait plus de mal que de bien. Et plus on commencera tôt à se faire dépister, plus les dégâts seront importants. Cet article aura le mérite de sortir le débat du domaine des revues spécialisées et de permettre aux femmes de mieux s'informer sur les avantages réelles, et les inconvénients, tout aussi réels, du dépistage systématique par mammographie. Mais la route sera encore longue....et la résistance des intérêts partisans sera féroce.

[persephone]

Bonjour,

Je suis naturopathe et j'ai un avis assez proche de celui des médecins. Je trouve que toutes ces campagnes de dépistage font plus de mal que de bien. Cela m'arrive souvent d'avoir des clientes qui se plaignent de grosseurs dans le sein. Les trois quarts du temps, c'est hormonal. Il suffit alors d'un traitement phyto pour que tout rentre dans l'ordre. Je passe mon temps à expliquer aux gens qu'un kyste n'est pas forcément un monstre tapi dans un coin de leur organisme qui va obligatoirement les mener au cimetière s'ils ne se font pas opérer immédiatement. Ou, bien souvent, mutiler... Pour ma part, je me suis tirée d'un énorme myofibrome (19 cm d'épaisseur sur 21 de diamètre) sans opération, rien qu'avec de l'homéopathie et de l'argile. Pourtant, le médecin (qui est quelqu'un que je connais et que j'estime) m'avait dit que, là, il fallait absolument opérer, et, surtout, transfuser en urgence, parce que j'allais mourir. J'ai refusé, j'ai lutté et, 20 ans après, je ne suis toujours pas morte. J'ai réussi à conserver mon utérus, j'ai remonté de mon anémie sévère et j'ai réussi à me débarrasser de la plus grande partie du fibrome. De toute façon, en cas de cancer, l'opération fait souvent plus de mal que de bien. Je répète aux clients que la première prévention du cancer ou de toutes les maladies est d'abord l'hygiène de vie. Entre autres, la réduction de la consommation de viande et de produits laitiers. Il faut aussi incriminer les contraceptifs et les traitements hormonaux, sans compter la consommation d'hormones dans la viande. Je connais des tas de gens, adeptes des médecines naturelles, qui ont choisi de refuser l'opération et le traitement conventionnel et qui ont réussi à se tirer d'un cancer, ou, au moins, à le stabiliser de façon à ce qu'il n'évolue plus. On se demande si les campagnes qui tiennent du matraquage sont aussi innocentes qu'elles le paraissent. Le lobby radiologique, entre autres, a peut-être trouvé ainsi un débouché pour ses appareils... En tout cas, je jette les courriers dont Emma me gratifie généreusement à la poubelle et, à 60 ans, je n'ai jamais eu à me repentir d'avoir snobé notre sainte médecine omnipotente et omnisciente. Les seuls malades que j'aie perdu, en quarante ans de naturopathie, sont ceux qui sont partis dans le cycle infernal de l'opération. Les autres courent comme des lapins, alors que certains d'entre eux avaient un cancer, dépisté et en évolution. Je pense que les femmes qui le désirent pourraient aller se faire dépister gratuitement, parce que c'est leur choix. Les autres pourraient attendre d'avoir au moins une raison de s'inquiéter pour aller se faire dépister. En tout état de cause, prendre conscience qu'une maladie n'est pas une fatalité et qu'on peut la prévenir ou, le plus souvent, la guérir rien qu'avec une bonne hygiène de vie et des remèdes naturels, cela aide aussi à ne pas s'affoler.

[onguent]

bonjour,
j'ai aussi lu cet article sur le dépistage du cancer du sein. J'ai 41 ans et je vis dans une région pilote en matière de dépistage. Nous sommes donc appelés à faire un dépistage à 40 ans . Bien m'en a pris, on a découvert des microcalcites pré cancéreux qui ont été immédiatement enlevés. J'ai ensuite fait un peu de radiothérapie.tout ceci était réglé en 3 mois.

Mon oncologue et mon gynécologue m'ont affirmée que si j'avais attendu la mammographie de 50 ans, j'avais de grandes chances d'avoir un cancer du sein vers 45 ans avec des traitements lourds et éprouvants.
De plus ils m'ont tous les deux confirmés que actuellement nous étions 6 femmes sur 8 à avoir une mammographie douteuse. Mais que la chirurgie n'était pas systématique, elle relève d'un long et sérieux protocole où l'ensemble de l'équipe médicale se réunit pour étudier chaque cas avec minutie.
Je dois dire que cette intervention m'a en quelques sortes sauvée la vie, j'ai une tout petite cicatrice et toujours mon sein, pas de séquelles et maintenant je suis sous surveillance accrue.
Alors je ne comprends pas cette réaction anti dépistage précoce.
Cela évite des traitements lourds physiquement et psychiquement, cela évite aussi un changement physique (ablation du sein, perte des cheveux, perte ou changement de la sensibilité du bras , du sein...), cela évite des frais exorbitants à la sécurité sociale.

[MagaliAlex]

Je partage aussi l'avis d'onguent
J'ai eu la chance d'etre passée entre les mains d'un gynéco qui connaissait mon parcours familial (mère atteinte d'un cancer des ovaires qui il s'avère accroit le risque de contracter aussi un cancer du sein)
Après une mammographie, échographie mammaire et enfin biopsie, j'ai pu être sauvée de ce fichu cancer justement grâce à un diagnostic précoce
Comme on dit mieux vaut prévenir que guérir, j'encourage donc à fond toutes les femmes du forum à se faire dépister du cancer du sein surtout si elle fond partie de population à risques, un bilan génétique peux vous aider à savoir si vous faites partie de ces populations à risques en recherchant les mutations des gènes spécifiques qui vous prédisposent à un risque de cancer du sein

Je lisais récemment un article qui appuyait le fait que 5 à 10% des cancers du sein diagnostiqués sont liés à une altération génétique.

Pour celles que le sujet intéresse:
https://www.docteur-eric-sebban.fr/cancer-du-sein/diagnostic-cancer-sein/impact-de-loncogenetique-dans-la-prise-en-charge-du-cancer-du-sein/