Messagepar chamfort » 13 sept. 2015, 13:20
Monsieur Philippe VARIN
P.S.A.
Le 29 août 2015
Objet : la 508, une splendide routière… bourrée de défauts.
Monsieur,
Après avoir mené à 700 000 Km une Mercédès E300, nous sommes passés à une 508 SW – 140cv – BV6 de 2013.
Les 5 000 km de France – Espagne nous ont convaincus de ses superbes qualités de grande routière malheureusement détruites par de nombreux défauts : certains dangereux, d’autres simplement pénibles et finalement bizarres, pour ne pas dire stupides. Cela m’a valu quelques chaleurs et beaucoup d’énerve-ments.
1. UNE SPLENDIDE ROUTIERE
Tout d’abord un superbe design, rendant fine et élégante cette grande voiture, plus belle en SW qu’en berline. Les qualités routières sont là : moteur, direction, confort, silence, économie. Tenue de route et reprises s’allient avec la bonne position de conduite et le silence pour avaler des bornes à 5,4 l./100 km. S’y ajoutent la sécurité apportée par l’écran-tête-haute où vitesse/GPS/contrôle vitesse s’affichent. Bien, les petits plus du repli automatique des rétros et de l’ouverture à distance des vitres (que celui qui n’a jamais récupéré une voiture garée au soleil d’Andalousie me jette la première pierre). La commande de boite tombe bien et les sièges et les réglages lombaire et volant assurent un meilleur soutien que dans mes diverses BMW et Mercédès. Autoroutes et chemins de montagnes furent abordés sans fatigue grâce à une clim. efficace.
Une grande routière donc et je vous prie de bien vouloir transmettre mes félicitations à vos ingénieurs mécaniques. Je serai par contre beaucoup plus dubitatifs sur vos équipes de conception/design et celles en charge de l’intérieur et de l’ergonomie du poste de conduite.
2. LES DEFAUTS DANGEREUX
LES VISIBILITES LATERALES ET ARRIERES
Le vrai défaut dangereux, voire mortel, vient de la conception même: aucune visibilité latérale, latérale arrière et arrière à cause des montants de portes trop larges, du toit surbaissé, des petites fenêtres et custodes et de la vitre arrière. J’ai en souvenance un taxi d’Albacete surgissant à mon travers droit et une Semi-38t bleu-canard totalement invisible à mon arrière gauche et dans le rétro. On peut bien sûr aborder une intersection à-la-camionneur, en obliquant sur la droite pour dégager la vue mais est-ce digne d’une routière ? on n’y pense pas toujours et ça n’est pas possible en ville. Lié à la conception/fabrication, ce défaut dangereux ne pourra pas être corrigé sur ce modèle, je vous le laisse en mémoire pour la future 509.
LES ANGLES MORTS DES RÉTROS
En attendant, améliorez l’angle mort des rétros, aussi bien extérieurs qu’inté-rieurs.
3. LES PENIBLES
La grande sécurité apportée par l’écran-tête-haute est définitivement obérée par l’incroyable complexité du poste de conduite, obligeant à quitter la route des yeux pour exécuter une fonction sans se tromper.
Dans l’espace conducteur de 80x80 cm, toutes les commandes et affichages, du basique tableau de bord au moderne écran multifonctions + radio + clim, sont redoublés ou même triplés, ne manque qu’une télécommande IR pour le passager ! le tableau de bord, le volant, la planche de bord et la console ont TOUS les mêmes commandes mais pas toujours avec la même (manque de) logique, redondance incroyable et disons le stupide et dangereuse.
LE VOLANT – LE REGULATEUR VITESSE – LA RADIO, la sécurité voudrait que seules soient sur le volant les commandes urgentes : Il croule sous 12 boutons et 2 molettes : radio, régulateur vitesse, tous les réglages de l’écran. Déjà compliqué donc, cela devient dangereux quand chaque réglage est réparti sur les 2 branches et côtés, par exemple, choisir/démarrer/arrêter le régulateur (ou le limiteur) se font sur 3 boutons en bas à droite mais les boutons de réglage-route sont en bas à gauche. Idem pour la radio, molette et boutons sur la branche droite règle l’affichage écran quand les boutons de la branche gauche règlent le son. Ceci sans compter que les 3 boutons sur la branche droite règlent tout un biduloïde d’affichage dont la radio !?!?!?.
LE LIMITEUR DE VITESSE
Ses boutons sont communs avec le régulateur, là aussi : regarder et réfléchir pour ne pas se tromper. D'autant plus dangereux sur route si on se trompe, mais, au fait, à quoi cela sert-il ? est-ce une obligation légale ou un produit technologique marketing ? si l’utilité du régulateur sur autoroute dégagée m’a convaincu, celle du limiteur me parait plus que douteuse, d’autant plus quand les commandes sont si étroitement associées.
Comme je regrette le simple commodo de ma Mercédès où les seules impulsions réglaient la vitesse en toute sécurité, sans regarder et sans penser et où le Limiteur demandait une véritable manip qu’on ne pouvait faire par erreur. Ne trouvez vous pas curieux qu’un réglage de sécurité aussi essentiel soit relégué et géré en bas, hors de vue sur des boutons inaccessibles à l’instinct, il faut toujours réfléchir, regarder et vérifier quels boutons on pousse, donc quitter longtemps la route des yeux, à 130 sur l’autoroute, je n’ai pas apprécié !
LES COMMODOS : cachés par les branches, on ne sait jamais où en sont les automatiques phares et essuie-glaces. En ligne droite, le retour du clignotant ne se fait pas, me laissant rouler avec la flèche toujours à poste, il serait mieux que l’affichage des 2 flèches vertes passe sur le tête-haute.
BOUTONS/FONCTIONS : il y en a tellement que certains ne servent à rien : la molette de gauche sur la branche et le poussoir de bout du commodo gauche !
LA BV6 : la commande tombe très bien mais la grille très étroite fait que, ni à la vue et encore moins à l’oreille (bravo le moteur) on ne sait où on en est, il faut regarder le compte-tours pour s’apercevoir si on est en 3ème plutôt qu’en 5ème ou en 4 plutôt que 6.
L’affichage du « conseil de passer à la vitesse supérieure » sur le tableau est complètement idiot, 1) il faut le chercher du regard, 2) il ne prend pas en compte la route et me dit de passer la 3ème quand je grimpe une côte à 10%. Il vaudrait mieux afficher la vitesse réelle sur le tête-haute.
Les 6 vitesses sont une idiotie, un argument marketing pour soi-disant moins consommer : avec la souplesse et puissance du moteur, une BV5 bien étagée suffirait, surtout qu’on ne suit jamais la grille pas à pas de 1 à 6 et qu’on fait toujours un 2>4, un 3>5 ou un 4>6. Six vitesses (ou même 18) en automatique ne me gênent pas, en manuel si.
4. LES BIZARRERIES
Le GPS : agréable, grand, rappel au tête-haute, tout bien mais l’ergonomie est à revoir, c’est tout un tintouin de régler un trajet via…/via…, le plus simple est alors de gérer par fraction, dommage !
La CONSOLE :
- Le bouton de réglage général tombe bien en main mais les logos des fonctions sont petits, et tous les réglages sont redondants au volant et sur la planche!!!
- Grande frustration : aucun trou ou vide-poche où mettre téléphones, lunettes, monnaies et tickets de péage. Ça n’est pas le minuscule espace sous le coude qui fera l’affaire si en plus on y branche la clé USB dont c’est la seule prise.
- 1 allume-cigarette/prise 12V, c’est bien ! pourquoi diantre une 2éme prise 40 cm plus loin dans le minuscule vide poche + une 3ème 20 cm derrière pour les passagers + une 4ème dans le coffre. Les coûts en main d’œuvre et matériaux n’ont apparemment pas été bien calculés.
La PLANCHE DE BORD
- La commande de clim est trop basse et guère facile à lire et gérer : petites touches et logos. Là aussi problèmes de quitter la route des yeux.
- Inverser la clim avec l’auto-radio serait judicieux, d’autant plus que celui-ci est géré sur le bouton de console, sur le volant et l’écran, on pourrait donc même le supprimer.
LE TABLEAU DE BORD
C’est le traditionnel équipement, simple et classieux mais pourquoi les petits cadrans huile-eau-fuel sont-ils si identiques et proches, leurs tout petits logos obligent une fois de plus à chercher pour lire. La quirielle de voyants est dans un rare bordel et je ne souhaite pas avoir à décrypter cet arbre de noël sur l’autoroute.
Là aussi un accessoire stupide : la consommation immédiate. Depuis 30 ans cet affichage inutile capte le regard pour des infos idiotes : cela ne sert à rien de me dire que je consomme 15 l. en montée et 0 en descente ou 12 l. en démarrage et 3 sur les 200 mètres avant le feu rouge ! il vaudrait mieux afficher par défaut la conso des 100 derniers km ou de la dernière heure.
LE TOIT-VITRÉ
Il n’a d’intérêt que pour les passagers arrière, les jours sans soleil et s’il y a quelque chose à voir, i.e. 0,1 % du temps. Option chères pour un système qui fragilise le toit et qui, même fermé, chauffe l’habitacle.
LE RADAR DE RECUL
Guère précis, ses demi-cercles de couleur ne sont pas fonction de la distance restante, on est dans le flou jusqu’au signal-triangle des 30cm restant. Vu l’encombrement du bestiaux, le manque de visibilité arrière et latérale et les angles mort des rétros, on ne se sent pas clair pour stationner, peut être qu’avec quelques années de pratique et de tôles froissées… ?? j’ai pourtant garé assez de camions et 4x4 pour penser savoir manœuvrer, mais là non.
ENCOMBREMENT ET PETITESSE
La 508 est une grosse voiture à l’extérieur mais guère spacieuse dedans, le trait de crayon est superbe et la SW est une belle flèche mais qui a sacrifié à l’actuelle bizarre esthétique d’automitrailleuse au toit rabaissé sur une ceinture rehaussée. Encombrante comme la Mercédès, je m’y sens plus étriqué que dans le Partner.
Sans réclamer l’espace/visibilité de la Range-Rover de 1974, j’ai du mal à comprendre la dernière Range Evoque au pavillon tellement surbaissé qu’il ne lui manque plus que d’être peinte en gris et garée à Omaha Beach pour être visitée comme un blockhaus.
Ce n’est à mon avis pas qu’une question de goût, mais de confort et surtout de sécurité, la visibilité latérale et arrière en étant gravement affectée.
LE MODE D’EMPLOI
Comme toujours fait par ceux qui, ayant créé et vécu avec l’équipement, ne peuvent se mettre à la place du lambda moyen. Les systèmes sont bizarrement compliqués, le Guide est du même métal. Les photos sont petites et les descriptions portent sur chaque fonction en elle-même plutôt que sur une approche par but :comment puis je arriver à ça ? Parfois on comprend les fonctions grâce au manuel, parfois c’est le contraire.
Il faut donc un long temps d’apprentissage et constamment réviser : en conduite, les reflexes et actions automatiques sont prohibés ou nécessitent une réflexion ou vérification quand carrément on les oublie faute de pratique.
Quand je vois les 40 pages pour expliquer la multifonction, je me dis que le brevet de pilote ne serait pas inutile.
5. CONCLUSIONS
C’est la première voiture Docteur-Jekill-Mister-Hyde que je rencontre. Les raisons sont simples : vos ingénieurs mécanique savent concevoir un système moteur/informatique/roulement /carrosserie totalelement intégré, me laissant le soin de mettre la clé, respecter les entretiens et le code de la route et ça roule.
C’est très loin d’être le cas pour les concepteurs habitacle : ils partent de la version nue de base à laquelle ils superposent des e.fonctions en mille-feuilles. Au lieu de tout réétudier dans une véritable intégration comme ci-dessus, ils entassent les outils et, à la tête d’une capacité de e.gestion énorme, ils prolifèrent du bouton. Ce qui serait une poésie mécanique est en fait pour moi un danger pour la conduite et peut être pour vous un surcoût.
Un ami Docteur en informatique me disait que son doctorat ne consistait pas à créer des programmes (« à notre niveau c’est comme toi écrire une lettre ») mais à les rendre utilisables/user-friendly. C’est dire qu’à mon avis les chefs de projets habitacle et leurs assistants ont brillamment loupé leurs diplômes avec mention mauvais à épouvantable. Il est tout de même bizarre que des personnes aussi bien formées (je ne pense pas que vous recrutez le premier venu) aient aussi superbement entassé illogismes sur illogismes. Ça énerve !