Messagepar visiteur » 26 janv. 2006, 01:22
Le projet de licence globale est un moindre
mal, une concession nécessaire (j'ai presque
envie de dire une rançon) pour éviter la
généralisation de mesures techniques et
juridiques de protection contre la copie et le
téléchargement qui menaceraient autant
certaines libertés individuelles que la
liberté d'innovation technologique. Mieux vaut
un mauvais compromis qu'une bonne guerre.
Par le délire paranoïaque qu'ils manifestent
aujourd'hui, contre cette licence et en faveur
des mesures de protection contre la copie, les
empires traditionnels de l'audiovisuel ne font
en réalité que proclamer haut et fort leur
inadaptation aux modèles émergents de création
et de diffusion de contenu. En effet,
l'histoire a toujours démontré que, quand un
groupe social (quel qu'il soit) n'a plus à
proposer que des artifices de contention et de
répression pour protéger son pouvoir et ses
acquis, c'est qu'il est devenu inadapté aux
modèles culturels, économiques et sociaux de
son temps.
Ce malheur a parfois frappé des foules de
misérables plus dignes de compassion, tels ces
artisans et compagnons jetés au chômage par le
développement du machinisme. Mais le destin
des majors du disque et de la vidéo qui nous
abreuvent de leurs pleurnicheries n'a pas de
quoi inspirer la pitié. Ces marchands d'images
et de sons, pendant de longues décennies, ont
profité avec insolence d'une situation qu'ils
ont pris l'habitude de considérer comme
normale; une situation dans laquelle les
techniques de copie et de distribution des
oeuvres exigeaient une forte concentration de
moyens et favorisaient une
hyper-marchandisation de la culture. Une
situation qui a trop souvent favorisé une
culture de pacotille à cycle commercial
rapide, vendue à grands renforts de publicité.
Cette situation est en train de changer, et ce
n'est pas trop tôt. Et si les majors se
sentent mal à l'aise aujourd'hui, c'est parce
que leur modèle économique est périmé. Le
piratage n'est d'ailleurs même pas leur vrai
problème (les contenus les plus piratés sont
généralement les mieux vendus). Les tristes
mesures de protection qu'ils voudraient
imposer ne sont que des mesures de retardement
de l'histoire. Il serait navrant que de telles
mesures, qui représentent autant un gaspillage
industriel qu'un gisement de contentieux,
pourrissent notre environnement et entravent
notre développement technologique (je pense
notamment aux logiciel libres, directement
attaqués à travers la campagne anti-copie)
durant les prochaines années.
Place aux artistes et à leur public, qu'on
respire plus librement. Et tant pis pour les
dinosaures du prêt-à-porter audiovisuel;
aujourd'hui, ils sont le maillon faible; au
revoir !