Messagepar Modérateur QC » 12 juil. 2016, 13:46
@APSA76
Au vu de l'absence de politique énergétique française depuis vingt ans (compétence des Etats), il apparaît légèrement exagérer d'accuser de tous les maux l'UFC-Que Choisir et sa campagne "Énergie moins chère ensemble".
Par ailleurs, rester au TRV d'EDF ne permettra de répondre aux problématiques autour de l’investissement sur la production et de résoudre les surcapacités structurelles de l'Europe.
Dans l’explication des difficultés financières d’EDF, on doit citer notamment le manque de maîtrise des coûts de fonctionnement d’EDF (Évaluation de la Cour des Compte), des investissements étrangers hasardeux (Évaluation de la Cour des Compte) ou encore une stratégie de sous-investissement (réseaux et production) en France depuis 20 ans qu'EDF doit maintenant rattraper dans un contexte économique très difficile. Juste pour information, la quasi-totalité des producteurs européens d'énergie sont en difficulté car ils n'ont pas anticipé les conséquences de l’intégration des marchés européens, la stagnation de la consommation d'énergie et les politiques publiques de renouvelables. Le consommateur n'a rien à voir dans tout cela sauf peut-être d'avoir un "peu trop modéré" sa consommation d'énergie !
Ces dernières années, l’État (actionnaires) et EDF ont mené une politique de dividendes outrancière et réalisé des choix d’investissements hasardeux au détriment d’investissements d'avenir (amélioration du parc de production et des réseaux). Pour répondre à la situation d’EDF, il n'y pas de solution parfaite. Cependant, quand une entreprise "classique" est en difficulté elle commence par vendre ses actifs pour financer des investissements stratégiques et/ou peu aussi faire appel à ses actionnaires. Pourquoi, EDF ne fait pas cela (actifs au Royaume-Uni "EDF-Energy", en Italie "Edison", aux USA "Constelation", EDF a une filiale dans le renouvelable "EDF Energies nouvelles » ou dans l'efficacité énergétique "Dalkia") ? Pourquoi EDF ne souhaite pas porter le risque des investissements nucléaire en France? Pourquoi les consommateurs devraient-ils payer les erreurs stratégiques d'EDF.
Depuis maintenant plus de 10 ans, 75% la production d’électricité française est nucléaire (la situation perdure encore aujourd’hui). En France, les énergies fossiles sont là pour répondre principalement répondre aux pics de consommation (principalement en hiver) à cause de la thermosensiblilité des ménages français (1 degré de moins en dessous des normales saisonnières et c'est 2400MW d'appel de puissance. Cette situation est quasi unique en Europe). La part du nucléaire n'a pas changé (même avec l'ouverture à la concurrence) et ne changera pas dans un avenir proche même si la concurrence (sur le marché de détail) se développe. En achetant sur le marché spot les fournisseurs alternatifs achètent de l'électricité nucléaire à EDF. La grande différence c'est qu'au lieu d'acheter du nucléaire au prix de l'ARENH (tarif régulé de production nucléaire) ils achètent du nucléaire aux prix du marché spot (moins rentable pour EDF).
Si à moyen terme, le marché spot venait à augmenter alors les fournisseurs alternatifs achèteraient de nouveau du nucléaire au prix de l'ARENH qui prend en compte les investissements post Fukushima. Par conséquent, même chez un fournisseur alternatif les consommateurs financent le nucléaire. Le problème n'est donc pas du fait de la concurrence mais d'une situation structurelle du marché de l’énergie.
La campagne « Energie moins chère ensemble » a pour but de stimuler la concurrence afin d’orienter les prix de marché de détail vers les prix de gros, actuellement en baisse, et donc in fine, de permettre également aux consommateurs de récupérer des économies qui doivent lui revenir. La seule préoccupation de l’UFC-Que Choisir est de s’assurer que le consommateur paie un prix reflétant la réalité d’un marché (ce combat a d’ailleurs toujours été le nôtre dans le cadre de la fixation des méthodes de calcul des TRV) et non des marges artificielles aux fournisseurs.
Cordialement,